DA BLOOD$ WRITINGS est un projet de recherches et d’expérimentations afin d’adapter un système typographique à la technique du tatouage, et plus particulièrement à un outil spécifique : le tampon dermographique. Inventé au XIXe siècle pour marquer le visage des prisonniers russes, cet outil similaire aux caractères en plomb imposait un registre graphique et une texture particulière par son fonctionnement singulier. Cet outil est composé d’aiguilles de tatouage assemblées afin de former un signe, il est donc impossible d’obtenir des lignes. Les caractères typographiques Blood$ permettent donc de mettre en avant ce qu’est réellement un tatouage, à savoir une succession de points, et d’exhiber graphiquement la douleur de l’acte.
Ce projet se nourrit de la culture des United Blood Nation, gang afro-américain formé dans les années 90. L’absence de documentation sur leurs tatouages contrebalancée par la documentions très riche de leurs tags fut le terrain d’investigation parfait. Les deux caractères Blood$ se basent sur les proportions des phalanges proximales, petite partie de corps, imposant un corps typographique plus petit donc présentant plus de contraintes, de plus en étant associés à la technique du tatouage par tampon. Les caractères de 70pt dont chaque point est matérialisé par une aiguille sur le tampon, présentent une complexité de lecture voulue et justifiée. Le système de glyphes alternatifs permet de casser l’aspect industriel et systématique de la typographie pour raviver l’aspect personnel du tatouage. Chaque caractère possède un double qui permet de faire varier la graphie de ce caractère comme le fait l’écriture manuscrite ou les tags. De nombreux caractères possèdent également un ou des alternates stylistiques pour permettre de personnaliser la silhouette de son tatouage. Le système permet également de créer de nouveaux glyphes ou bien d’écrire avec l’orthographe et l’argot des UBN.
Les caractères se posent sur les mains en jouant avec les signes de main qu’ils utilisent pour se reconnaitre. Alors que sur le visage, les suites de glyphes viennent « lacérer » le porteur, s’inspirant des mutilations qu’ils infligent à leurs victimes. Il semble primordial de garde l’aspect déshumanisant que l’on retrouve dans les tatouages des gangs existants. Le projet BLOOD$ continue de s’enrichir avec la création d’un troisième caractère…