De nos jours, la pratique de l’écriture manuscrite courante a diminué, l’acte d’écriture pourrait se limiter à son art, c’est-à-dire exercé par des praticiens chevronnés. Parallèlement, la création de caractères scriptes a augmenté avec la PAO. Deux familles de scriptes se distinguent aujourd’hui : l’une est inspirée par l’écriture personnelle courante, tandis que l’autre se réfère à un modèle calligraphique. L’usage de ces caractères est réservé à de courtes phrases ou du titrage en raison de la nature fantaisiste et décorative de leurs formes.
Pourtant, l’imitation d’une écriture personnelle ne conduit pas nécessairement à l’adoption d’un geste expansif. Les paramètres tels que la pente, l’encombrement, la hauteur d’oeil, le contraste, ne sont pas mis à profit pour la création d’un caractère de labeur. Par ailleurs, les scriptes sont pensées en un seul style. Ce projet met en question la hiérarchisation typographique par la graisse pour en proposer une nouvelle, selon la nature cursive de la lettre. Les rythmes d’écritures exécutés à la main à différentes vitesses et à l’aide d’un stylo contemporain, génèrent des répertoires de formes singuliers d’une variante à l’autre : stable, dynamique, puis spontanée. En commençant la normalisation des signes par la stabilité, il s’agit d” intégrer les lettres scriptes à cette famille de caractères par la filiation cursive des lettres. Trois styles typographiques sont ainsi obtenus, dessinés les uns par rapport aux autres : un romain, un romain cursif, et une scripte. L’énergie manuscrite est source de réinvention, elle suggère une méthode de dessin typographique.