L’analyse préalable des particularités propres aux chiffres et des conditions de leur cohabitation avec les lettres de l’alphabet latin, dans le cadre du mémoire de recherche, a conduit le projet singularités. L’intention est de donner la part belle aux chiffres dans la création, étant donné leur importance grandissante dans notre appréhension du monde, et de repousser les limites établies dans l’élaboration d’un système formel que nous utilisons habituellement.
Pour cela, la projet a pris pour point de départ les formes que les chiffres indo-arabes ont prises en arrivant en Europe (du Xe au XIVe siècle), sur l’« Abaque de Gerbert », avant leur intégration dans l’écriture. Ces « apices de Boece » ont parmi leur particularités celle d’être inscrits sur des objets ronds et manipulables pour représenter des nombres et faire des travaux d’arithmétique. À partir de l’interprétation des formes qui en sont faites, il s’agit à présent d’établir un cahier des charges des critères à modifier dans l’établissement habituel d’un alphabet et de reconfigurer l’alphabet en fonction du répertoire des formes des chiffres.
La mise en scène du caractère obtenu prend place dans des poèmes alphabétiques de Georges Perec, et des carrés magiques, qui sont une tentative de créer de nouveaux parcours de lecture, et dans lesquels les lettres obéissent à des règles arithmétiques presque l’on pourrait dire.