Chaque année, le Palais des congrès de Nantes accueille un festival international de science-fiction qui s’intéresse à tous les sous-genres, médiums et facettes du domaine. Les Utopiales, plus qu’une utopie, en se situant géographiquement et temporellement, est une hétérotopie.
Pour élaborer l’identité visuelle de l’édition 2016 des Utopiales dont le thème est Machines, il a d’abord fallu se confronter aux types d’images véhiculées jusqu’à présent par la science-fiction, et notamment celles reprises sur les affiches dont le festival confie habituellement la réalisation à un illustrateur.
Le voyage —à l’aide d’une machine, un photocopieur— dans cette iconographie, a permis d’en extraire des détails, des matières, des effets, qui une fois isolés, deviennent une bibliothèque d’éléments génériques.
Ces échantillons permettent au spectateur de reconstruire son propre univers en périphérie des supports qui offraient alors des potentialités multiples.
Après la déconstruction de ces tableaux, l’élaboration d’une grille définissant des zones a permis d’en reconstruire de nouveaux, capables de faire identité et de faire cohabiter sur un même support des images de diverses natures et provenances en les juxtaposant.
La typographie est alors toujours envisagée en regard de l’iconographie. Le caractère regular tire ses formes de références médiévales, époque dans laquelle la science-fiction et la fantasy continuent de puiser la structure, les thèmes et les protagonistes de leurs récits.
Le caractère gras, quant à lui, nous télescope au XIXeme siècle —époque de Jules Vernes, père de la science-fiction contemporaine et Nantais— en faisant écho aux lettres Normandes. Pensé comme un réceptacle, il est capable d’accueillir au même titre que la grille des images et des matières, de les recouvrir aussi, et de dessiner des mondes emboîtés dans l’interlettrage plus que dans la contreforme. Taillé mécaniquement, il fait apparaître le jour entre les lettres.